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En 2006, à l’occasion d’un reportage sur les grévistes de l’usine Lustucru d’Arles, j’ai découvert par hasard que des « Indochinois » s’étaient retrouvés en Camargue en 1941 avec mission de faire pousser du riz. Pendant trois ans, j’ai sillonné la France et le Vietnam à la recherche d’anciens « Travailleurs indochinois » encore en vie. J’ai consulté des milliers de pages d’archive dans différents fonds départementaux et au CAOM à Aix-en-Provence. A partir de toutes ces sources, j’ai réussi à retracer l’histoire des 20 000 Vietnamiens envoyés en France en 1939 pour travailler avant tout comme ouvriers dans les usines d’armement à Sorgues, Bergerac, Bordeaux, Angoulême, Toulouse, etc. En 2009, j’ai publié chez Actes Sud Immigrés de force, le premier ouvrage consacré à cet épisode enfoui du passé colonial de la France. Une exposition a suivi, puis des films, puis d’autres livres. Aujourd’hui, plusieurs mémoriaux rendent hommage à ces 20 000 « Travailleurs indochinois » de la Seconde Guerre mondiale.
Livre
Immigrés de Force
Immigrés de force, les Travailleurs indochinois en France 1939 – 1952 (Actes Sud 2009) consiste en une histoire générale de ces 20 000 Vietnamiens répartis sur tout le territoire, en fonction des usines d’armement, puis des différents travaux auxquels ils ont été affectés lorsque ces usines ont cessé de fonctionner. Il a été traduit et publié au Vietnam en 2014.
L’empire, l’usine, l’amour
A la Libération, ces hommes ne furent pas immédiatement rapatriés chez eux. Le gouvernement français les envoya dans des région en manque de manque de main-d’œuvre. L’Empire, l’usine et l’amour (sorti en octobre 2019 aux éditions Créaphis) se concentre sur le millier de Travailleurs indochinois envoyé en Lorraine après 1945 pour travailler dans la sidérurgie, le bâtiment ou le textile. Dans le même temps, une guerre de libération du joug colonial était menée en Indochine, à laquelle ces hommes prirent part en métropole – organisation de manifestations, meetings, distributions de tracts, accueil de Ho Chi Minh à l’été 1946.
Les linh tho, immigrés de force
En 2015, le dessinateur Clément Baloup m’a proposé de produire une bande dessinée qui retracerait ma longue enquête à la recherche de l’histoire des Linh Tho, le nom vietnamien qui désigne les Travailleurs indochinois. Cela donna le très bel album Les Linh Tho, Immigrés de force, paru en 2017 aux éditions La Boite à bulles.
Exposition
Après la sortie d’Immigrés de force en 2009, j’ai créé une exposition avec Bruno Doan, graphiste nîmois et fils de Travailleur indochinois. Constituée de vingt panneaux autoportants, cette exposition a circulé pendant plusieurs années à travers toute la France.
Film
Suite à la publication d’Immigrés de force, j’ai été contacté par plusieurs sociétés de production qui désiraient adapter mon travail dans un film documentaire destiné le plus souvent à la télévision. J’ai finalement choisi un projet de documentaire destiné aux salles de cinéma. En 2013 est sorti Cong Binh, La Longue Nuit indochinoise (120′), du réalisation franco-vietnamien Lam Lê. Le film a obtenu le premier prix au festival de Pessac. En 2015, j’ai collaboré au film Riz amer, d’Alain Lewkowicz (52′, diffusé sur France 3), centré sur la participation des travailleurs indochinois à la relance du riz en Camargue. Deux ans plus tard, je collaborais avec Ysé Tran pour réaliser Une histoire oubliée (52′, diffusé sur France 3) qui raconte l’histoire des Travailleurs indochinois envoyés en Lorraine après la Libération. Le film a eu droit à une avant-première exceptionnelle à l’Assemblée nationale.
Mémorial
Après la publication d’Immigrés de force, en 2009, de nombreuses villes ont décidé de rendre hommage à ces « Indochinois » venus de force sur leur territoire: Arles, Saint-Chamas, Toulouse, Sorgues, Montpellier, etc. Le plus beau mémorial se trouve actuellement à Salin-de-Giraud, en Camargue. Œuvre de l’artiste Lebadang, ce Mémorial national aux travailleurs indochinois a été inauguré en octobre 2014 en présence d’un représentant de l’État français et de l’ambassade du Vietnam à Paris.
Média
La publication d’Immigrés de force, puis l’exposition, puis les films, puis les hommages, tout cela a provoqué une très vaste couverture médiatique en France et au Vietnam. Pour en avoir un aperçu, cliquer ici.